Quelques mois après notre précédent numéro, la tension généralisée sur le cours des matières premières et ses conséquences sur les prix ne s’est pas vraiment apaisée. Et ce qui s’est produit pour l’épicerie en mai et notamment pour les pâtes, s’étend désormais aux oranges. La Sicile est certes une île mais elle n’est pas coupée du monde. Ce qui se passe sur le continent finit tôt au tard par atteindre ses côtes et se propager sur son territoire. Et comme Ribéra est sur cette île… l’onde de choc résonne jusque dans les orangeraies. Et comme pour le blé… et le reste, « lorsque certaines causes produisent certains effets, les éléments de symétrie des causes se retrouvent dans les effets produits ». Ce qui vaut en physique selon le principe de symétrie de Pierre Curie, semble vouloir se confirmer et s’appliquer à d’autres applications bien éloignées. La symétrie des causes, le marasme sur les prix des produits en amont des chaînes produit un effet immédiat sur la valeur des articles en aval de cette même chaîne. Et comme la chaîne n’a pas vraiment un début et une fin, il y a toujours un fournisseur en amont dont la variation du prix entraîne une cascade de changements… Difficile d’y échapper. Voire impossible. Nous n’allons pas ici faire la liste de toutes ces variations de prix en amont de la chaîne de valeur ou de production, les médias s’en chargent quotidiennement depuis des mois... jusqu’à l’overdose ! Nous nous contenterons de dire, simplement, que le prix des oranges a augmenté. Sans plus de « justification » que celles énoncées plus haut. Pour notre plus grand regret, à l’inverse des pâtes, nous n’avons pas réussi à contenir la hausse autant que nous l’aurions souhaité. Le rêve absolu fut été de ne pas avoir à changer le prix, si ce n’est à la baisse. Le cauchemar serait, en revanche, de devoir augmenter en cours de saison. Entre le premier et le second tour. Au point où nous sommes, collectivement, et au rythme toujours plus incertain où vont les choses, le cauchemar semble bel et bien au pied du lit ! Tout comme l’édition des 3 grilles de prix pour accompagner le catalogue Odissée 2022 tout au long de l’année, il est probable que le bon de commande des oranges de début d’année 2023 n’affiche pas le même prix que celui que vous venez de recevoir. Au singulier. Celui de la caisse d’oranges bio de Sicile. Le prix de l’huile devrait quant à lui se maintenir sur l’ensemble de la saison. En clair, du 7 octobre au 5 février, si vous commandez de l’huile d’olives, quelque soit le mode de livraison, Mondial Relay ou Onélia, le prix ne variera pas. C’est sûr… à 99%. Nous conservons le dernier pourcent pour palier à l’imprévisible variation de prix des fournisseurs du fournisseur… En revanche pour les oranges, le pourcentage de certitude est moins élevé. La vision de la moitié pleine du verre, plutôt que de l’autre moitié. Le pourcentage est moins élevé et difficile à déterminer. 80% ? 70% ? 65% ? Moins encore ? Vraiment difficile à dire. Même pour nos interlocuteurs siciliens. Au pluriel. Parce que dans le prix des oranges, il y a d’abord les oranges, évidemment, et ensuite il y a tout le reste. Caisses, palettes, transports… et tous les personnels. Depuis la saison passée, les oranges sont certifiées bio mais elles ne s’auto-cueillent pas, ne s’auto-emballent pas, ne s’auto-transportent pas, pas plus qu’elles ne se téléportent d’ailleurs… Pour que la caisse d’oranges pleine arrive jusqu’en France, il y a du monde sur son parcours. Notre volonté d’effectuer la transition vers des fruits bio n’a pas annihilé notre engagement indéfectible sur le respect de l’humain et la valorisation du travail. Nous n’arrivons toujours pas à Ribéra en donneur d’ordre impitoyable, imposant nos prix en même temps que notre volonté. C’est très différent. Beaucoup plus équilibré. Cela se fait dans le dialogue et la confiance mutuelle. Donc quand nos interlocuteurs siciliens, tous intervenants dans la « chaîne de valeur de l’orange », ne sont pas en mesure de s’engager sur des prix fermes et durables de leur prestation respective, nous restons dans l’expectative. Et nous ne parlons que de la première partie du parcours de la caisse d’oranges. De l’arbre à la France. D’autres embûches guettent son prix sur les « derniers » kilomètres jusqu’à son terminus. Le trajet 100% français. Moins d’intervenants sans nul doute. Le même dialogue dans la confiance mutuelle. Mais les mêmes incertitudes. Et par symétrie des causes, la même expectative.
Au final et malgré les tergiversations de nos interlocuteurs, le bon de commande que vous avez reçu affiche bien un prix ferme… valable tant qu’il est affiché. Le bon de commande suivant pourrait bien ne pas afficher le même. ■ |